Enfin
chez vous !

Rencontre avec Vanessa Mitrani


Passionné est le mot qui décrit le mieux Vanessa Mitrani, il suffit d’évoquer le verre soufflé pour qu’elle s’illumine et vous ouvre les portes de cet art si délicat. Loin de se reposer sur ses vingt années d’expérience, elle cherche à repousser sans cesse les limites de cette matière pour des créations toujours plus surprenantes.

D’OÙ VIENT VOTRE AMOUR POUR LE VERRE SOUFFLÉ ?

Il s’agit d’une rencontre fortuite. J’étais à une soirée et un invité laissait une place vacante dans un cours d’apprentissage de verre soufflé. Il m’a proposé de le remplacer et j’ai immédiatementaccepté. Dès les premières leçons, je suis tombée amoureuse de cette matière magique, à la fois liquide et solide, modulable et rigide. Mais très vite, j’ai été confrontée à ses difficultés comme les bulles qui peuvent se former, son caractère extrêmement fragile. D’autant plus que je souhaitais travailler sans moule afin de ne pas brimer ma créativité. Loin de m’éloigner de cet art, ces contrariétés n’ont fait que renforcer ma passion. J’ai cependant décidé d’embaucher un artisan. Au Portugal, j’ai rencontré un artisan qui a accepté de collaborer avec moi, jeune créatrice peu connue et animée par un ambitieux projet.

QUELLE EST VOTRE CRÉATION LA PLUS EMBLÉMATIQUE ?

Le vase XTREME. Sanglé dans une corde plate de métal, le verre cherche à s’échapper voluptueusement de cette emprise. Saréalisation fut le fruit d’un long travail, car il a fallu trouver le juste équilibre entre la chaleur du verre et du métal. À mes yeux il symbolise, de manière très limpide, toute la contrainte qui peut émaner du travail sur le verre. Daté de vingt ans, il reste toujours très moderne et apprécié du public ainsi que de moi-même.

CETTE ANNÉE EST CELLE DES VINGT ANS DE VOTRE MARQUE. QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR VOTRE PARCOURS ?

Bien que je commence à sentir une certaine expérience dans le verre soufflé, il y a des facettes de mon métier dans lequel je me sens toujours débutante. Je suis fière d’avoirtenu vingt ans, car être designer c’est aussiêtre chef d’entreprise, et c’est l’aspect de mon travail avec lequel je suis le moins à l’aise. J’ai monté mon entreprise artisanale afin de pouvoir suivre mes produits de la phase de conception à celle de commercialisation.Je ne suis soumise à aucun éditeur, les choix qui dictent mes créations sont tous les miens. Ce travail me remplit d’une joie, même si je reste toujours légèrement insatisfaite, car c’est de là que je puisse ma force.

COMMENT ALLEZ-VOUS CÉLÉBRER CET ANNIVERSAIRE ?

Je vais profiter de cette date si spéciale pour créer des objets moins raisonnables, explorer des domaines qui m’ont toujours attirée ,mais qui pour des raisons de temps et de moyens étaient jusqu’ici laissés de côté. Le magasin Merci sera l’hôte de cette fête, il y aura des pièces totalement inédites, mais aussi d’autres qui feront échos à des thèmes plus récurrents de mon travail comme les empreintes sur verre. Autre grande étape, celle de notre déménagement dans une ancienne étable toujours à Pantin. Pour l’instant, l’endroit est une vieille structure défraîchie, mais bientôt il sera un véritable pôle artistique où se côtoieront différents métiers d’arts… qui s’appellera la Crèmerie en hommage à son passé.