Bien qu’établi à Marseille, la poésie architecturale de Yvann Pluskwa dépasse les frontières provençales. Créatif touche-à-tout, il nous parle de son besoin d’être inclassable et de la sensualité de ses réalisations.
EN QUELQUES MOTS, POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE MÉTIER D’ARCHITECTE ?
À vrai dire, c’est plutôt une passion que l’on pratique avec le sérieux d’un enfant qui s’amuse comme dirait Picasso. Blague à part, notre corporation a une mission sociale, politique voire même sociétale qui engage beaucoup de responsabilités. C’est donc un métier très humain fait d’écoute, d’attention à l’autre mais aussi du milieu dans lequel nous vivons tous. À l’aune du 21e siècle, le métier s’est complexifié. Il s’est étoffé de nouvelles pratiques et d’une sensibilité à l’environnement manifeste. Pour autant, cela ne réduit pas nos compétences classiques, au contraire cela les ouvre.
QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE ARCHITECTURALE ?
Ma démarche est de rendre le monde plus beau, plus humain, plus sensible, plus responsable, plus sensuel, plus poétiqueet de faire bénéficier à tous de ces dimensions. Nous avons un appétit insatiable d’architecture. Chaque projet est l’occasion de nous enrichir et de proposer des réponses plus vives, plus attentives et plus éveillées. C’est pourquoi nous nous aventurons dans des domaines sans cesse différents. Cela nous a permis de remporter le prix AMO pour la meilleure réalisation de bureaux en France en 2012 ou, entre autres, d’être exposés cette année à la Biennale d’architecture de Venise. Nous préférons être inclassables à une prétendue expertise qui relève plus d’une répétition hébétée que de la fraîcheur responsable et engagée.
CETTE ANNÉE ÉGALEMENT, LES PYRAMIDES D’ARGENT ONT RÉCOMPENSÉ LE 2E ÉLÉMENT. POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE CE PROGRAMME ?
Pour ce projet, nous nous sommes associés à l’agence internationale espagnole Herreros et à l’architecte Philippe Gazeau, deux grands noms. Pour ce projet, nos logements offrent la particularité de démultiplier la sensation de vivre dehors et accroîssent la sociabilité. De taille généreuse, chaque habitation est biorientée pour offrir des vues diversifiées. Il en ressort un bâtiment aux plasticités simples mais sensuelles, aux matériaux kinesthésiques et tactiles qui jouent à dévoiler ou effacer nos intimités et amplifient nos expériences. Réunir les êtres sans les astreindre, ménager les intimités et pour autant pouvoir s’exposer, stimuler les expériences sensibles, sensuelles et poétiques propres à l’imaginaire méditerranéen sont les éléments majeurs de ce projet.
VOUS AVEZ FAIT LE CHOIX D’IMPLANTER VOTRE AGENCE À MARSEILLE, QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE DANS CETTE VILLE ? QUELLES SONT VOS AUTRES SOURCES D’INSPIRATION ?
Le vent, le ciel, l’horizon marin, l’intensité méditerranéenne et son art de vivre. Enfant, j’ai découvert la cité phocéenne depuis la belle grisaille parisienne, un éclat intense et scintillant a ouvert mes yeux. Marseille me tient éveillé et enthousiaste malgré le monde actuel.
QUELS SONT VOS GRANDS PROJETS À VENIR ?
Nous avons la chance de travailler sur beaucoup de sujets différents. À Marseille, nous travaillons sur l’extension du restaurant du chef doublement étoilé Christophe Bacquié au Relais et au Château du Castellet, ou encore sur le fameux hôtel Richelieu des Catalans qui prévoit une très belle rénovation. Grâce à notre collaboration avec American Vintage, nous avons développé une compétence dans le retail. De ce fait, nous sommes en charge de plusieurs projets de boutiques à Moscou. Plus près de nous, c’est la marque Reiko qui nous a fait confiance. Enfin, nous réalisons un autre projet passionnant d’hôtel gîte de luxe dans l’arrière-pays du Lubéron. Un lieu où les Pink Floyd ont séjourné, c’est dire la puissance métaphysique de ce paysage...
